Depuis le temps qu’on l’attendait de ce côté de l’Atlantique... La peinture d’Edward Hopper sera enfin visible à Paris du 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013.


Et si la flânerie d’un cadre à l’autre nous amenait à interroger la figure de la mise en abyme, en tant que figure de cet ailleurs qui ne demeure visible que depuis l’ici ?

Que voit-on par la fenêtre ? Ou plutôt, que voit-on à travers les fenêtres ? Hitchcock, par ailleurs grand connaisseur de Hopper, nous l’a montré : on voit son propre désir de voir plus loin, de voir ailleurs. Placer une fenêtre dans le cadre, c’est nous rappeler qu’on reste prisonnier de l’ici du spectateur tandis que nos yeux et nos pensées vagabondent déjà ailleurs.

Ce dispositif cinématographique qu’incarne James Stewart dans Rear Window (l’anglais joue davantage sur la mise en abyme), les êtres silencieux, perdus dans leurs pensées, en attente, d’Edward Hopper l’actualisent. Situés au cœur d’enchâssements de cadres, de fenêtres, de baies vitrées, ils semblent attendre d’un hors-champ inaccessible au moins autant que ce que nous, spectateurs, attendons du tableau : l’ailleurs.

Paradoxalement, Hopper annonçait-il l’injonction minimaliste de Stella « What you see is what you see », niant toute possibilité d’un ailleurs ?
