[orange]Les documentaires [/orange] (1960-1975)

Les métamorphoses du paysage : l’ère industrielle

« Cette beauté est difficile. Difficile à découvrir, à admettre. Elle est paradoxale. Car il y a paradoxe à rechercher la beauté dans un monde qui lui tourne délibérément le dos. Un monde voué au chaos, à l’informe, au perpétuel changement, à l’inachevé. Un monde qui porte la marque, contrairement au monde champêtre ou urbain, moins de la joie créatrice de l’homme que de sa sueur et de sa peine ».
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Le problème de la création de villes nouvelles est examiné à travers un reportage sur l’aménagement de la ville nouvelle de CERGY PONTOISE. Eric ROHMER et Jean-Paul PIGEAT présentent la problématique du concept de ville nouvelle : cette dernière permet-elle de contrecarrer le développement anarchique de la banlieue parisienne ? Qu’en est-il des conditions de vie pour les habitants ?
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La diversité du paysage urbain

Après une longue présentation, Eric ROHMER et Jean-Paul PIGEAT interrogent des architectes de l’Atelier de Recherches et d’Etudes d’Architecture sur leur théorie de la diversité en urbanisme : leurs orientations entrent en contradiction avec les usages passés qui défendent l’ordre, la symétrie et la rationalité des formes. Ils illustrent leur thèse de photographies, de dessins et de maquettes des ensembles architecturaux réalisés ou en projet.
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Après une présentation générale de la façon dont se forment les villes, Eric ROHMER et Jean-Paul PIGEAT annoncent les reportages sur deux projets de l’A.U.A (Atelier d’Urbanisme et d’Architecture) : celui qu’ils ont réalisé dans le quartier de l’Arlequin de la ville neuve de Grenoble-Echirolles, et celui qui a obtenu le deuxième prix au concours d’aménagement urbain de la ville nouvelle d’Evry I.
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Eric ROHMER et Jean-Paul PIGEAT abordent la question du libre aménagement des appartements par les nouveaux propriétaires. Concrètement, les nouveaux arrivants reçoivent un espace vide et des cloisons qu’ils sont libres de disposer selon leurs souhaits. Les architectes qui encadrent cette expérience se félicitent d’un nouveau mode de communication avec l’habitant.
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[orange]Les films de fiction [/orange]
De nombreux films de Rohmer posent la question de la ville et des différentes modalités d’habiter. On en retiendra ici deux, issus de la série Comédies et Proverbes, dont la structure narrative même s’organise autour de l’espace spécifique des villes nouvelles.


Le cinéaste ne cherche nullement à nous surprendre par le caractère novateur de la distribution de l’espace de la ville nouvelle, ni à souligner ses trouvailles architecturales, pas plus qu’il ne cherche à nous les présenter sous leur meilleur jour. Il s’intéresse davantage à l’occupation de l’espace par les corps (leur rapport physique à la topographie et à l’architecture) et nous montre des paysages vides, mornes et désolés où circulent des silhouettes frêles et impersonnelles. De fait, cette nouvelle géographie urbaine n’accroche pas le regard ; elle le « désoriente » plutôt et suscite in fine une perplexité mêlée d’inquiétude qui déteint sur l’itinéraire psychologique de Louise autant qu’elle le dépeint.
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Pour Claude-Marie Tremois : « On éprouve, à suivre les modifications de cette figure géométrique, le même plaisir qu’on ressent devant certains jeux de patience quand, enfin, chaque élément a trouvé sa place exacte. Passionné d’architecture moderne, Eric Rohmer nous promène dans Cergy-Pontoise. Sous sa caméra, on dirait un petit Versailles. A la différence des Nuits de la pleine lune, dont les personnages décrivaient des arabesques et où l’architecture, plus compliquée et plus sophistiquée, évoquait Mozart et le XVIIIe siècle, L’Ami de mon amie a la solidité du grand siècle et son goût de la symétrie. On pense à Le Nôtre et à Lully. »